Sans le vinaigre, le miel ne serait pas le miel. Sans cette amère sensation que vous êtes la personne la plus malchanceuse du monde, que le sort s’acharne à vous montrer que vous n’êtes qu’un pantin face à sa perfidie, que vous êtes exactement là où il ne fallait pas être, et pile poil au mauvais moment… le miel ne serait pas le miel.
Vous ne pourriez pas goûter le sucre coulant sur vos babines, sans avoir eu le vinaigre en bouche auparavant. Vous ne pourriez pas sentir vos papilles s’émouvoir au parfum des fleurs, imaginer les abeilles ayant butiné ces dernières, et vous prendre même pour l’une d’entre elles, papillonnant de pétale en pétale, si vous n’aviez pas eu ce malveillant liquide en bouche, en premier lieu.
Sans le vinaigre, le miel ne serait pas le miel.
Voyager en camping-car autour du monde est la définition même de cet axiome.
Car le miel est bien là. C’est pour lui qu’on est parti. Il est partout. Il est dans ce qu’on va voir, et ce qu’on voit déjà. Dans ce qu’on imagine, et ce qui surpasse notre imagination. Et plus encore : il est dans ce qu’on n’attendait pas. « Russie, tu m’as cueillie, de toi je n’attendais rien, c’est sans doute cela le secret. » disait la plus clairvoyante des femmes, non loin d’ici.Le miel est dans ces gens qu’on rencontre, qui nous ouvrent leurs portes et leurs cœurs sans n’attendre rien d’autre en retour que notre présence. Derrière leurs portes il n’y a pas grand-chose, mais c’est tellement. Les russes sont à l’image de leurs magasins : fermés à l’extérieur, immenses à l’intérieur. Mon fils Roméo – une autre clairvoyance de la famille – nous disait l’autre jour en parlant de notre rencontre du soir : « Rail, il est riche : il a des poules, un pommier et un champ de patates. » Que demander de plus, pas vrai ?
Le miel est dans l’inattendu, parce qu’il n’y a rien de plus vrai que lui. Et c’est un improvisateur qui vous parle – en connaissance de cause, donc
Mais le vinaigre est partout lui aussi. Ce détestable condiment, ce malhonnête, ce blanc qui se prend pour du balsamique. Il est dans les accidents de parcours, le trottoir trop haut qui brise une évacuation des eaux usées, dans le fossé trop profond qui fend un pare-choc, le porte-à-faux trop long qui racle l’arrière-train d’un touriste hollandais… (enfin celui de sa voiture).
Il est pour beaucoup sur la route le vinaigre…
Il est aussi dans ce tour de rein qui vous pourrit quelques jours de voyage et vous rappelle sadiquement que vous n’avez plus vingt ans !
Oui, il sera là le vinaigre. On peut toujours compter sur ce salop !
Mais si la pluie mène au beau temps, le vinaigre lui aussi mène souvent au miel. Car ce sont les détours qui nous mèneront aux plus belles rencontres.
Et à ces rencontres, on racontera alors, tout en appréciant la douceur en bouche, combien le vinaigre était formidable.

Avant de partir autour du monde, Bruno était auteur, metteur en scène et chroniqueur radio. Pendant le voyage, il sera sans doute question pour lui d’écrire les demains, de mettre en scène les aujourd’hui et d’apprivoiser les difficultés chroniques.
Bonjour et merci pour toutes vos belles images qui nous font voyager!
Heureuse de voir que tout le monde se porte bien et apprécie le voyage.
J’ai envoyé un mail à Nina sur l’adresse qu’elle m’a confiée avant son départ mais ce message m’est revenu en non distribué car l’adresse est introuvable :-(
Belle poursuite dans votre aventure et au plaisir de vous lire à nouveau,
Bonjour, et merci beaucoup pour votre message ! En effet il y avait un problème pour l’adresse mail de Nina ! C’est corrigé :-)
Je goûte, je déguste, avec plaisir et émotions, ce carnet de voyage aux multiples saveurs… toutes ne sont pas douces et sucrées, certes, mais elles ont, chacune, un parfum unique
Des bisous doux à chacun de vous
Merci Véronique pour tous tes messages ! On vous embrasse fort depuis le lointain !